La littérature orale africaine a coutume de mettre en scène des humains et des animaux dans les contes, les proverbes et les chants. Elle procède souvent par comparaison et par analogie pour mettre en exergue les rapports qui peuvent exister entre les deux entités. C'est ce que nous voyons chez le sous-groupe senufo appelé tagba qui vit au Burkina Faso dans la région des Hauts-Bassins dans la Province du Kénédougou et précisément dans le village de Mahon non loin de la frontière du Mali. C'est auprès de ce groupe socioculturel que nous avons recueilli le corpus de chants dans lequel est tiré le chant qui fait l'objet de la présente étude. En effet, dans ce sous-groupe senufo, il existe plusieurs genres oraux dont les chants, objets de ce travail. À l'intérieur de ce genre oral (chant), il existe plusieurs types dont les panégyriques auxquels nous nous intéressons particulièrement. Dans le village de Mahon, l'organisation sociale est basée sur le système de lignage et chacun d'eux possède un chant panégyrique. C'est le contenu du chant de l'un de ces lignages (ceux portant le patronyme Coulibaly) qui a attiré notre attention. Dans ce chant, l'ancêtre est magnifié et porte les surnoms [sɩ̀kà.pɔ̌d] sɩ̀kàpɔ̀lɔ́ (bouc) et [jàt.bá] jàràbá (lion féroce). Cependant, il n'est pas assimilé à un bouc quelconque. Ce bouc par lequel l'ancêtre est désigné est particulier parce qu'il n'est pas un animal ordinaire. En effet, selon nos enquêtes, cet animal est unique dans son genre : à travers sa crinière, de sa bonne connaissance de la brousse, des plantes médicinales et de l'aide qu'il apporte aux populations pendant les épidémies de maladies. À travers ce travail, nous voulons montrer comment sont pensées les relations entre humains et non-humains dans un genre oral tagba