Si les travaux consacrés au règne animal dans la tradition orale africaine sont rares, rares sont les genres qui ne les évoquent pas. Tant en prose qu'en poésie, le bovidé est abondamment représenté dans la littérature orale et écrite peule.
Dans la cosmogonie peule, le bovidé apparaît comme la première créature animale par Geno - l'Éternel. Ainsi la domestication du bovidé fonde le pastoralisme comme base physique et symbolique déterminante dans la genèse de la culture peule. Toute la vie matérielle et spirituelle du pasteur tourne autour du bovidé comme en témoignent les hymnes religieux qui célèbrent les lever et coucher du soleil.
Dans le livre La route du bovidé, cet animal est décrit comme noble et sacré dont on ne consommait que le lait, qui faisait le prestige des Peuls dits Foutou en Égypte ancienne. Cette tradition se conserva sous d'autres formes symboliques quand ils quittèrent ce territoire pour migrer vers l'Ouest et au Sud-Ouest à la recherche des grands fleuves et des riches pâturages. Le genre musical et poétique dit Fantang retrace son origine ainsi que ses fonctions économique et ésotérique.
La poésie pastorale et épique lui consacre les plus belles descriptions et la sublime à travers des hymnes et des incantations. Les défilés des troupeaux à l'occasion du dégal au Niger ainsi que les transhumances au Foûta-Djalon sont de grands spectacles où éclot profusément la poésie dédiée au bovidé. L'héroïsme des preux dans les récits de razzia se fonde sur la l'acquisition et la conservation risquées des plus belles vaches.
Notre communication se propose de mettre en lumière le symbolisme et le sens des représentations du bovidé, animal emblématique, dans des textes issus de différentes traditions de l'aire culturelle peule.