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L'oralité comme passerelle pour un discours écopoétique : In Jean Bofane et Véronique Tadjo
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Dans la plupart des cas, les mythes créateurs et étiologiques dans beaucoup de sociétés placent l'homme au faîte de toute la création et parfois en lui accordant la primauté dans l'utilisation de ce qui l'entoure. L'homme s'octroie le rôle primordial de gardien du Temple. Le récit biblique est un exemple idéologique qui a inscrit cette primauté dans les us et coutumes en donnant à l'existence une structure hiérarchique où il trône sans ambages. La sortie de l'imaginaire du carcan monolithique religieux de l'époque médiévale n'a pas fait mieux pour démystifier cette distintion. L'époque moderne qui mit au-devant la raison n'a pas abandonné cette conception. Malgré l'association étroite avec la raison comme le clameraient les rationalistes tels que Descartes, Montaigne, John Locke, Hobbs, Hegel, Darwin, Spinoza, le principe de la primauté de l'homo sapiens est resté intact. Toutefois, la turpitude dont l'homme a fait montre lors des dernières crises comme la Guerre Civile d'Espagne (Guernica de Picasso), la Seconde Guerre Mondiale, le Génocide Rwandais ou d'autres atrocités au cours de l'histoire, ont secoué et continue de secouer la foi en cette primauté. Plus proches de nous, notre époque a été marquée par l'irruption de deux épidémies—Ebola en Afrique Occidentale et la Covid-19 qui nous harcèle encore globale—qui ont eu un impact non seulement sur les contrées africaines, mais sur le monde entier. Elles nous ont sorti de nos convictions scientistes pour nous forcer à jeter un regard sur la panoplie des récits mettant en garde l'arrogance avec laquelle l'homme s'est comporté dans ce monde qui inclue toutes les créatures liées dans une alliance de l'interconnectivité de la vie.

La première partie de ma communication se concentrera sur la rupture d'équilibre de l'écosystème qui ne manifeste non seulement par une crise au sein de la société, mais aussi d'un écart de confiance dans le discours censé rationaliste par les méthodes discursives humaines. En d'autres termes, il s'agit d'une remise en question du centre discursif où l'homme et l'écriture n'ont plus tout le crédit que la société leur a accordé. C'est l'importance du logos vivifiant. La deuxième partie mettra sur scène deux sortes d'oralité non pas nécessairement portées par les hommes, mais plutôt incrustées dans l'équilibre entre les hommes, les animaux et toute la flore. On observe le souci d'un décentrement, de la remise en doute de l'anthropocentrisme et la réinsertion du message dans son aspect oral. Il s'agira d'analyser le rôle que l'Oncle Lomama dans le roman de In Jean Nkoli Bofane Congo Inc. (2014) joue et du Baobab dans En Compagnie des hommes (2017) de Véronique Tadjo. La sagesse jadis contenue dans de gros livres, comme Prospéro le disait à son maitre, trouve voie et sortie à travers des créatures censées se loger entre dans une sphère inférieure de l'oralité. Il s'agira de la forêt, du Baobab, de la chauve-souris et même du virus d'Ebola lui-même. La troisième partie discutera de la pertinence épistémologique et de la voie qu'elle emprunte dans un contexte où l'oralité réclame à cors et à cris une place dans le déploiement de l'arsenal éducationnel. Le porte-parole ne sera autre que le Docteur Jean-Jacques Muyembe dont l'avis s'aligne avec exactitude sur celui du Baobab en épinglant l'effet nocif de la hiérarchisation troquée dans laquelle le monde de l'écrit s'est complu. L'importance de l'oralité semble prendre de l'ampleur et la reconnaissance de sa portée se remarque dans une œuvre comme La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr (Prix Goncourt 2020).

Orality as a gateway to ecopoetic discourse : In Jean Bofane et Véronique Tadjo

In several myths of origin found in many communities, the creation concept is man-centered whereby man is recognized as the main actor with the surrounding at his entire disposal. Indeed, man makes himself the gatekeeper of the creation, or the keeper of the Temple. One ideological illustration is undoubtedly the Biblical account that features man's primacy which has permeated customs of many societies in positing a hierarchy where man stands at the summit. The demise of this monolithic way of thinking that was prevalent during the Middle Ages has not tempered this mindset. In fact, during the modern period that celebrated rationality, this way of looking at the world did not subside in spite of the myriads of reflections by rationalists such as Descartes, Montaigne, John Locke, Hobbs, Hegel, Darwin, Spinoza, the axiomatic assumption of the homo sapiens has remains untouched. However, madness that man has exhibited in many instances such as the Spanish Civil War (Picasso's Guernica), World War II, Rwandan Genocide or other world atrocities during history, have shaken and continue to shake the legacy man's primacy. Our period has been marked by two global epidemics—Ebola in West Africa and Covid-19 on the world stage—have had an impact not only on African countries, but on the entire world. These two crises have tempered our scientist convictions as the only way out and have invited criticism against man's overconfidence and arrogance in his relationship with other creatures.

This presentation will have three parts. The first deals with the rupture of the ecosystem balance that shows not only through crises in society, but also by the gap in the faith in rationalistic thinking. It is an enquiring of discursive center where man and his sophisticated writing do not enjoy all the credit society once gave him. Rather, the importance of the living logos has gone up. The second part will deal with various discourses not held by man, but rather through the relationship man has with his surroundings. This is the message Uncle Lomama in In Jean Nkoli Bofane's Congo Inc and of the Baobab in Véronique Tadjo's In the Company of Men tersely issue. The third part will focus on the oral component in the most sophisticated epistemological apparatus. The spokesperson is no other than Dr. Jean-Jacques Muyembe who shares a similarity of views with the Baobab's message. Orality is given more credence in learned discourses in African literature as testified by in the Prix Goncourt 2021 novel La plus secrète mémoire des hommes by Mohamed Mbougar Sarr.


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